Commentaire Abivax 24/07/2025
- Lionel Labourdette
- 24 juil.
- 5 min de lecture
Lionel Labourdette, PhD
Premières données positives de la phase III d'obefazimod : un étage de plus à la fusée !
Abivax a publié mardi soir les premières données de son étude de phase III évaluant obefazimod dans la rectocolite hémorragique (période d’induction après 8 semaines de traitement). Une administration quotidienne avec la dose de 50 mg se traduit par un taux de rémission clinique de 16,4% des patients (corrigé de l’effet placebo) avec une p-value très faible (p < 0,0001). Tous les critères secondaires ont également été atteints avec cette dose et ce de façon très significative sur le plan statistique.
Le profil de tolérance est bon, cette étude n’ayant pas permis d’identifier de nouveaux signaux de sécurité quelle que soit la dose testée (25 ou 50 mg).
678 des 1275 patients inclus dans l’étude ont montré une réponse positive et ont été inclus dans l’étude de maintenance (44 semaines) dont les résultats sont attendus au T2 2026.

Ces premiers résultats étaient attendus avec impatience. Il faut avouer que la société a divulgué ces données très rapidement après l'annonce du dernier patient (30/04), preuve que les équipes étaient mobilisées pour collecter les informations auprès d'un nombre très important de centres d'inclusion (près de 1300 patients dans plus de 500 centres).
Nous avons apprécié les détails donnés dans le communiqué qui permettent d’avoir une bonne lecture des données (souvent les sociétés gardent le "secret" sous prétexte de communication ultérieure à un congrès). Plusieurs points méritent d’être soulignés :
La tolérance du produit semble très satisfaisante : en dépit d’un nombre grandissant de patients traités par obefazimod, la société ne fait pas état de signaux inquiétants. Il s'agit d'un atout concurrentiel futur car certains produits concurrents sont confrontés à des effets secondaires graves (JAK inhibiteurs notamment).
Le dimensionnement de l’étude permet d’avoir des données sur un grand nombre de patients (955 traités, 317 sous placebo). Ces premiers résultats donnent un aperçu très satisfaisant sur la performance d'obefazimod, d’autant plus que la fiabilité statistique est excellente. Des p-value aussi faibles (<0,0001) sont rarement observées dans des essais cliniques.
Les équipes médicales ont recruté un nombre quasi-équivalent de patients "naïfs" (53%) et ceux devenus réfractaires aux thérapies conventionnelles (47%). Obefazimod représente donc un espoir pour les médecins dans la prise en charge de personnes sans solution thérapeutique. Le produit trouvera donc sa place sur le marché en première intention ou en solution alternative à l'offre thérapeutique disponible.
Un effet placebo sensiblement inférieur à celui observé dans la phase IIb (2,5% et 6,3% dans les 2 études ABTECT contre 12,5% précédemment) qui permet de bien mettre en évidence l'efficacité du produit.
Une performance supérieure à celle observée durant la phase IIb : 16,3% des patients sont répondeurs à la dose 50 mg (corrigé de l’effet placebo) pour les données rassemblées des 2 études ABTECT contre 5% à 14% suivant la dose dans l'étude précédente.
Tout comme pour la phase IIb, l’évaluation est réalisée à la semaine 8. Le protocole retenu est donc très exigeant. Il est fort possible que les statistiques soient encore meilleures après 10 ou 12 semaines, délai retenu par d’autres laboratoires dans l’évaluation de leur candidat pour la phase d'induction.
Certains points font surgir quelques questions légitimes. Les 2 études ABTECT-1 et ABTECT-2 étant identiques, on note une différence sur le niveau de réponses du bras placebo (2,5% et 6,3%) que rien ne semble justifier. Compte tenu de l’analyse faite relativement tôt (semaine 8), nous pensons qu’une convergence des données des bras placebo sera possible entre les 2 études dans les semaines qui suivent. Par ailleurs, le taux de répondeurs de la dose 25 mg de l’étude ABECTT-2 est anormalement faible (5%). Le management a expliqué durant la conférence téléphonique qu’un nombre plus élevé de patients très sévèrement atteints avaient été randomisés dans ce bras, pouvant justifier ce score très faible. Cette explication est très plausible même si l’écart avec le bras équivalent de l’étude ABTECT-1 nous semble assez important (16,3%).
Cela semble assez étonnant mais la FDA et l'EMA n'ont pas la même hiérarchie de priorité concernant les critères d'évaluation de la performance des produits dans cette indication. Le critère principal retenu par la FDA est en effet la rémission clinique alors que l'EMA retient 2 co-critères principaux (amélioration endoscopique et rémission des symptômes). Les 2 agences prennent néanmoins en considération les autres critères comme points secondaires rendant au final un verdict identique sur des améliorations cliniques et symptomatiques. Le point important à retenir est qu'obefazimod répond aux attentes des 2 agences, ce qui ne devrait pas empêcher, sur la base des données disponibles à ce stade, une possible soumission du dossier d'approbation (sous réserve de données positives de la phase de maintenance). Le potentiel du produit est donc intact, tant en Europe qu'aux Etats-Unis.
En résumé, obefazimod est un candidat très sérieux, administré par voie orale, bien toléré, qui peut adresser toutes les catégories de patients (naïfs et en échec). Une nouvelle excellente pour Abivax qui devrait réaliser avec succès la levée de fonds annoncée ce matin pour sécuriser la fin de cette phase III mais également financer la phase II dans la maladie de Crohn.
Obefazimod clignote désormais sur l'écran des radars des grands laboratoires...

Le titre a réagi comme jamais dans l'univers biotech français. Après cette annonce, Abivax affiche une capitalisation proche de 3,5 MdEUR ! Abivax a une valorisation désormais alignée sur celle de sociétés américaines. Les investisseurs et les analystes américains sont en effet très agressifs sur des dossiers à fort potentiel. Le refinancement de 340 MEUR (dilution d'environ 10%) pourra impacter le cours mais de façon temporaire car de nombreux investisseurs auront à cœur de jouer cette histoire très bien engagée (possible OPA à terme).
La suspension de cotation annoncée ce matin (jusqu'à l'ouverture de la bourse américaine) vise avant tout à éviter des prises de bénéfices excessives sur Euronext Paris. Cette mesure de prudence nous semble tout à fait justifiée et explique notre impact estimé "neutre" alors que les données cliniques justifiaient un avis "très positif".






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